Monday, May 5, 2008

L’Autre Fantasmé

L’idée de « l’autre fantasmé » a ses racines dans le colonialisme et l’interprétation d’autres peuples du monde, ce que nous pouvons considérer l’Orient, par les Européens et autres pays développés, ce que nous pouvons considérer l’Occident. Il y a une ligne de démarcation entre ces deux cultures différentes et c’est cela l’intérêt des artistes français qui font parti de cette partie de l’exposition sur l’autre fantasmé. Nous pouvons analyser cette tendance de dépeigner l’autre dans deux façons : premièrement, comme une tentative de comprendre une nouvelle partie du monde qui tout d’un coup faisait parti de leur vie et que personne n’a compris et deuxièmement, comme contribuant davantage aux idées reçues et aux mythes sur lesquelles le colonialisme était basé. Ce qui est intéressant dans cette notion, c’est le fait que tous les artistes qui le dépeignaient faisaient parti en réalité d’autres « styles » ou « écoles » d’art mais ils ont tous quand-même choisi d’incorporer ce thème dans leur art. Plus simplement dit, bien qu’il n’y ait pas une école nette pendant l’époque coloniale qui introduisait le motif de « l’autre fantasmé » d’un style très spécifique, beaucoup d’artistes à l’époque s’en sont servi. Cet aspect se distingue d’autres tendances de l’art français à travers les âges parce que pour la plupart les écoles, par exemple l’impressionnisme, ont utilisés à peu près le même style et ont traité aussi beaucoup des mêmes thèmes, mais dans ce cas les artistes ont séparément utilisé le même thème en dépit du fait qu’ils ont tous peint selon les styles très différents. Alors, ce n’est pas un style spécifique qui lie tous ces artistes mais plutôt une tendance thématique de réaliser les sujets d’autres peuples d’une manière « fantasmée », ce qui indique la fascination des Européens à cette époque pour les cultures étrangères dites « exotiques » et qui reflète donc les points de vue différents en ce qui concerne « l’autre » pendant l’époque coloniale et comment cet autre était interprété à ce moment-là.

Premièrement, le fait que cette partie de l’exposition est intitulée « l’autre fantasmé » nous indique un décalage entre ce qui est compris par « nous » et ce qui est compris par « l’autre », ce qui pose peut-être un problème aujourd’hui pour la façon qu’elle crée un division entre les peuples différents que nous comprendrions aujourd’hui d’être raciste ou discriminatoire. Ce fait était déjà analysé et critiqué par M. Edward Saïd, créateur d’une philosophie critiquant la façon dont les artistes et le public ont construit telles mythes quant à l’Orient. M. Saïd était un intellectuel d’origine palestinien et de citoyenneté américain qui a publié un livre intitulé l’Orientalisme en 1978 en anglais (qui était traduit en 1980 en français) dans lequel il indique que ce traitement de l’autre d’une façon fantasmée est injuste parce que cette image est celle de l’Orient créé par l’Occident, ce qui veut dire qu’il y a un biais là-dedans et que l’Occident n’a pas le droit de le montrer une culture qu’elle ne comprend pas. Donc le point de vue de M. Saïd est représentatif de l’interprétation de ce type d’art comme négatif à cause de ses racines dans le colonialisme. De l’autre côté, nous pouvons interpréter cette fascination avec l’Orient comme une tentative de concevoir un si grand changement dans leur compréhension du monde et même dans certains cas comme un rejet de la culture occidentale, qui était plus réglée et qui donnait plus de jugements aux gens pour leur conduite. Cependant, même si aujourd’hui nous pouvons regarder les images suivantes d’une manière assez raciste et exagérée, il est quand-même intéressant d’essayer de comprendre pourquoi leurs créateurs les ont faits d’une telle manière parce que cela nous permet de deviner comment ils pensaient à l’époque et de comprendre davantage les pensées qui existaient en ce qui concerne le colonialisme, ce qui donne à ces œuvres une valeur historique et sociopolitique.

Alors cette représentation de l’autre fantasmée peut être divisée entre plusieurs régions du monde colonisées par la France comme l’Afrique, l’Asie, le Caraïbe et l’Océanie. Dans cette salle vous verrez plus précisément les régions de l’Afrique du Nord (c'est-à-dire les pays du Maghreb) et l’Océanie (ce qui est compris par les iles pacifiques autour de l’Australie, surtout la Polynésie Française). Pour vous donner un peu d’histoire, la France a eu des colonies autour du monde pendant deux périodes différentes, la première, datant avant 1803, est constituée principalement des régions de l'Amérique du Nord, de certaines îles des Antilles et de certaines parties d’Inde; la deuxième, datant après 1803, inclut pour la plupart l’Afrique du Nord et d’Ouest mais aussi l’Asie et les îles dans l’Océan Pacifique. Voici plusieurs statistiques pour situer un peu l’histoire coloniale de la France :

« Au XIXe siècle et au XXe siècle, l'empire français était le second plus vaste du monde, derrière l'Empire colonial britannique. À son apogée, de 1919 à 1939, le second espace colonial français s'étendait sur 12.347.000 km² terrestres. Incluant la métropole française, les terres sous souveraineté française atteignaient de 1920 à 1940 12.898.000 km², soit environ 8,6% des terres émergées. » (Wikipédia)

Alors, cela nous permet de comprendre pourquoi un tel nombre d’artistes s’intéressait au colonialisme à cause de sa grande influence au monde. Au lieu de la nature vaste du colonialisme français, la partie du colonialisme qui nous concerne c’est seulement la deuxième tour, surtout dans les régions d’Afrique du Nord et en Océanie, deux destinations assez fréquentés par les artistes de l’époque.

Nous commencerons par l’Afrique du Nord, au Maghreb, où si situe plusieurs anciennes colonies françaises, y compris le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Le colonialisme en Afrique avait lieu pour la plupart au 19e siècle et la fin de l’Orientalisme est citée en 1962 avec l’indépendance d’Algérie et l’avènement de décolonisation. Evidemment dans cette région du monde la plupart du peuple pratique la religion de l’Islam et fait parti de la culture arabe, ce qui est très différente que celle de l’Europe, donc ce n’est pas difficile de comprendre la fascination des Européens par une telle culture à l’époque. Les Européens ont vu cette culture Orientale comme complètement différente de la leur qui les contraignait. Alors, à travers l’art orientale, les Européens pouvaient vivre indirectement une vie qui aurait été interdit et en moqué en Europe, donc voilà l’origine du fantasme. Ils ont voulu avoir l’opportunité de vivre un peu dans ce qu’ils considéraient l’ancienneté et dans un système moral et culturel bien différent que la leur. Quelques exemples de thèmes différents que nous trouverions chez les Orientalistes sont l’harem fantasmé, les scènes de chasse ou de combat et les paysages typiques du Maghreb comme le désert, l’oasis et le village oriental. Les artistes orientalistes incluent Eugène Delacroix, Jean Auguste Dominique Ingres, Pierre Auguste Renoir et Henri Matisse parmi d’autres. Nous reconnaissons peut-être d’ici certains noms très connus qui font parti d’un autre style de peinture, Renoir chez les impressionnistes par exemple, et donc cela renforce la notion thématique qui relie tous ces artistes au lieu d’un style gouvernant.

De plus, un autre type d’exotisme se voit en Océanie, plus précisément à la Polynésie Française et surtout en Tahiti qui en fait parti. Contrairement aux thèmes d’harem et de chasses violentes typiques de l’Orientalisme, le primitivisme est le thème plus utilisé dans ce cas mais la façon dont ce concept de primitivisme traite avec condescendance continue de s’appliquer de la part des Européens. Le primitivisme indique un retour à l’instinct naturel, c'est-à-dire à un état où les gens sont plus liés à la nature et moins obsédés par les contraintes de la société moderne. La culture « primitive » était considérée plus simple et donc plus noble que celle des Européens qui était trop « moderne » et pénétrée par l’industrie qui l’a rendu plus anonyme et froide. Plusieurs artistes qui peuvent être considérés « primitifs » incluent Matisse, Gauguin, Rousseau et beaucoup d’autres.

Pour conclure, nous voyons que tous ces peintures comment le colonialisme était interprété pendant sa durée, ce qui nous présente un coup d’œil dans la mentalité coloniale des colons, comment les citoyens français ont compris cette mentalité et aussi les sentiments des peuples colonisés à ce propos. Tout cela est important pour que nous puissions aujourd’hui regarder par la fenêtre de l’art une époque passée et les implications des décisions faites a ce moment-là pour l’avenir du monde et de l’art les deux.

Bibliographie

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